
Manque d’intimité, d’hygiène, sentiment d’insécurité… Selon une enquête réalisée par le magazine Okapi auprès des collégiens, nos ados sont unanimes : l’état des toilettes de leurs établissements scolaires serait insatisfaisant.
Après une enquête réalisée par Geberit Belgique en 2022 pour décrypter la relation qu’entretiennent les élèves belges avec les toilettes, le magazine Okapi1 sondait en juin 2024 plus de 1 200 collégiens sur l’état des toilettes scolaires en France. Dans ton collège, les toilettes sont-elles sales ? T’y sens-tu en sécurité ? Y trouves-tu du papier, du savon, des chasses d’eau qui fonctionnent, des distributeurs de protections menstruelles chez les filles ? Y vas-tu chaque fois que tu en as besoin ? Le résultat de l’étude est sans appel, les élèves pointent du doigt des conditions de propreté, d’hygiène, d’intimité et de sécurité insatisfaisantes, un tiers des sondés ayant même renoncé à se rendre aux toilettes dans leur collège.
Le manque d’hygiène des toilettes scolaires pointé du doigt
Pour un(e) adolescent(e) sur dix, les toilettes du collège sont ainsi jugées « très sales » tandis que 65 % se plaignent des mauvaises odeurs. « Parfois, les toilettes sont tellement sales qu’on dirait une vraie scène de crime ! » témoigne Lyséa, élève de 3e. En grande majorité, les collégiens perçoivent les toilettes scolaires comme un lieu repoussant qu’ils préfèrent bouder en raison de leur saleté, des mauvaises odeurs, et de l’absence trop fréquente de savon ou de papier hygiénique. Certains déplorent que le papier toilette soit placé à l’extérieur de la cabine, que les poubelles qui débordent ne soient pas vidées plus régulièrement et que les WC soient régulièrement bouchés.
Un manque d’intimité peu adapté pour des ados en pleine puberté
Des portes de cabines qui ne ferment ni jusqu’au plafond, ni jusqu’au sol, des rangées d’urinoirs à la place de cabines dans les sanitaires des garçons, des serrures cassées ou encore des cabines trop proches les unes des autres… Dans de nombreux collèges, les toilettes sont conçues avant tout pour être fonctionnelles et faciles à entretenir, souvent au détriment du respect de l’intimité des adolescents. « Les serrures des portes sont trop faciles à ouvrir. J’ai aussi remarqué une injustice : il y a plus de places dans les toilettes des garçons que chez les filles parce que nous, on a des urinoirs et des cabines. Mais moi, je suis trop pudique ! Alors, je n’utilise que les cabines », commente Hippolyte, 13 ans. Un besoin d’intimité rarement satisfait qui peut également faire des toilettes un lieu propice aux comportements dangereux tels que le voyeurisme, le harcèlement et la violence.
Se retenir plutôt que d’affronter les toilettes du collège
Face à l’état de leurs toilettes, un tiers des collégiens affirme ne jamais aller aux toilettes du collège. « Le midi, je m’empêche de trop manger ou de trop boire à la cantine » explique Maureen, 12 ans. Un cas loin d’être isolé puisque l’enquête révèle que 6 élèves sur 10 déclarent s’être déjà retenus pendant toute une journée pour ne pas aller aux toilettes du collège. Une tendance qui inquiète et les médecins sont unanimes : se retenir d’aller aux toilettes peut avoir de graves conséquences sur la santé et provoquer notamment des infections urinaires, des problèmes de constipation et d’incontinence, mais aussi des problèmes psychiques.
Des solutions pour faire bouger les choses
À travers cette enquête, le magazine Okapi a souhaité donner la parole aux collégiens, mais également faire le tour des initiatives mises en place par certains établissements scolaires pour faire des toilettes un lieu plus agréable. Dans le collège Sainte-Geneviève à Argenteuil, les sanitaires sont séparés par sexe et par niveau, ce qui permet aux filles de 6ᵉ et 5e de se sentir plus à l’aise. À Valence, des éco-délégués du collège Jean-Zay ont initié l’installation d’un distributeur de protections hygiéniques dans les toilettes des filles. Au collège Victor-Louis à Talence, les toilettes des filles ont été graffées par un artiste de street art afin de créer un lieu plus convivial et accueillant que les élèves traitent avec plus de respect. Au collège Albert-Camus à Rosny-sous-Bois, les toilettes mixtes favorisent le respect mutuel et les échanges entre filles et garçons. Enfin, au collège Saint-Vincent d’Hendaye qui est équipé de toilettes sèches dans la cour, les élèves s’impliquent davantage sur la mise en place d’éco-gestes. Autant d’initiatives qui montrent que les établissements scolaires et les collégiens peuvent ensemble construire des espaces sanitaires soucieux du bien-être, de l’hygiène et du respect de l’environnement.